Le taux d’usure ou taux maximum auquel on peut emprunter sera de 3,05% pour les crédits de 20 ans et plus, annonce la Banque de France. Cela va donner une bouffée d’oxygène à certains acheteurs dont les dossiers ne passaient plus.
Le relèvement du taux d’usure «permettra de régler certaines situations plus difficiles d’accès au crédit relevées ces dernières semaines», indique la Banque de France. LP/Aleister Denni
Par Maxime Gayraud
C’est une remontée spectaculaire mais sans coup de pouce, comme promis. Le taux d’usure — le maximum auquel on peut emprunter — sur les crédits immobiliers de 20 ans et plus va être relevé de 0,48 % au 1er octobre pour atteindre 3,05 % pour les trois prochains mois, au lieu de 2,57 % au trimestre précédent. Pour les prêts de moins de 20 ans, le coup de pouce est de 0,43 % et le futur taux d’usure sera de 3,03 %.
« L’application de la formule prévue par la loi, soit les 4/3 des taux moyens pratiqués, conduit en effet à une hausse bien proportionnée et plus marquée qu’en juin dernier », explique ce jeudi la Banque de France dans un communiqué. Et l’instance rappelle qu’ « un relèvement exceptionnel des taux de l’usure — dont le rôle est de protéger les emprunteurs — n’est ni souhaitable ni nécessaire ».
Le relèvement du taux d’usure était réclamé par les professionnels de l’immobilier dans un contexte de remontée rapide des taux : certains emprunteurs, une fois ajoutés les frais de dossier et l’assurance au taux nominal, voyaient en effet leur taux annuel effectif global (TAEG) dépasser la barre fatidique. Ce qui annulait de fait leur crédit immobilier. « Ceci permettra de régler certaines situations plus difficiles d’accès au crédit relevées ces dernières semaines », indique la Banque de France.
Les courtiers n’ont été que partiellement entendus
Les courtiers, dont l’activité s’était fortement développée ces dernières années dans un contexte de taux bas, se plaignaient particulièrement, avançant des taux de refus de dossiers allant de 10 % jusqu’à 50 % pour certains. La profession avait même manifesté la semaine dernière sous les fenêtres de la Banque de France derrière les slogans « Usés par l’usure » et « Courtiers méprisés, consommateurs lésés ».
Reçus par le gouverneur, ils n’ont été que partiellement entendus car si la hausse est importante, de près de 0,5 %, grâce à une collecte des chiffres des banques au plus près, il n’y a pas de coup de pouce qui aurait pu donner de l’air aux emprunteurs pour tout le trimestre. Surtout avec des taux qui remontent à un rythme très élevé de 0,1 % par mois. « Il faut que le taux d’usure soit 1,2 ou idéalement 1,5 point au-dessus des taux moyens », nous expliquait ainsi récemment Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux.
Un grand nombre d’emprunteurs, qui étaient dans l’attente de cette remontée du taux d’usure, vont néanmoins pouvoir faire passer leur dossier dans les semaines à venir. Le prochain ajustement des taux de l’usure interviendra au 1er janvier. Une vision optimiste pas forcément partagée par Meilleurtaux. « Relever le taux d’usure est une bonne chose, mais les effets positifs ressentis seront malheureusement de très court-terme, juge l’agence dans un communiqué craignant une remontée des taux pratiqués par les banques. Oui certains dossiers vont enfin trouver un financement, mais pour combien de temps ? Une semaine ? Quinze jours ? Trois semaines tout au plus ! »
SOURCE: leparisien.fr