Si les taux d’intérêt de la dette de la France n’avaient finalement pas véritablement flambé l’été dernier après le choc de la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, ni même fin 2024 après la chute du gouvernement Barnier et la période de grandes incertitudes budgétaires qui s’en est suivie, c’est un nouveau choc qui vient de propulser cette semaine le rendement de l’OAT 10 ans au plus haut depuis le printemps 2021, soit presque 4 ans.
Un plan européen de 800 milliards d’euros à financer
Le taux de l’OAT 10 ans a en effet dépassé 3,60% jeudi, en hausse de 40 points de base par rapport au début de semaine dans un mouvement général européen avec un Bund allemand dont le rendement a approché les 3%. C’est bien sûr la perspective d’investissements massifs en dépenses militaires avec le plan européen de 800 milliards d’euros qui a provoqué cette envolée. Les marchés anticipent un afflux d’émissions d’obligations à des rendements supérieurs, ce qui pèse sur le prix des obligations actuelles et fait monter les taux. Déjà, jeudi sur le marché primaire, une adjudication à 10 ans de l’agence France Trésor est ressortie à un taux moyen de 3,54% pour plus de 6 milliards d’euros.
Ces tensions vont se répercuter sur les taux de refinancement des banques et devraient donc influencer les taux de crédit immobiliers proposés aux particuliers si elles sont durables, ce qui paraît probable. Le rendement de l’OAT 10 ans reste en effet un indicateur surveillé de près par les banques pour fixer leurs grilles de taux immobiliers et il était revenu proche de 3% en février, autorisant les banques à poursuivre la baisse de leurs barèmes pour les prêts immobiliers. Soutenus par une multiplication des offres promotionnelles des banques pour attirer des clients, des taux autour de 3% sur 20 ans sont devenus fréquents aujourd’hui pour les bons profils d’emprunteurs. Mais attention à la suite.

La BCE en soutien
La sixième baisse consécutive des taux directeurs confirmée hier par la Banque centrale européenne (BCE), avec un taux de dépôt de 2,50%, permet quand même de limiter les mouvements à court terme. Le taux de dépôt a aussi son importance puisqu’il correspond au rendement que les banques obtiennent pour placer leurs liquidités auprès de la BCE. Pour la suite, la BCE pourrait cependant calmer le jeu dans sa trajectoire vers des taux plus acomodants.
La banque centrale devrait continuer à réduire les taux, quoique moins fréquemment, afin de disposer de temps pour évaluer l’impact du plan budgétaire allemand et de la politique commerciale américaine. À la suite de la réunion, les attentes du marché concernant le nombre de baisses de taux en 2025 ont diminué
, analyse ainsi Christophe Boucher, Directeur des investissements chez ABN AMRO Investment Solutions.
source: Boursier.com